21 août 2017

Le déchronologue - Stéphane Beauverger

Le capitaine Henri Villon est un corsaire des Caraïbes au XVIIème siècle. Notre XVIIème siècle ? Pas exactement : dans les Caraïbes de Villon, on fait trafic de merveilles, d'étranges objets venus d'autres temps. Lampes, aspirine, piles, walkmans, pistolets voire plus dangereux encore. Pourquoi ces troubles temporels ? Qui sont les mystérieux Targuis qui paraissent survoler la région ? On ne le saura pas vraiment, mais le lecteur habitué de SF se fera vite sa propre idée.
La grande force de ce roman est d'avoir planté son point de vue dans l'esprit du XVIIème siècle. Pas de point de vue distancié ni moqueur, on est avec Villon, on voit tout à travers lui et à travers une langue riche et un peu baroque, dans l'esprit du temps, une grande réussite.
Les chapitres du roman nous sont livrés dans le désordre, à la façon de feuillets éparpillés ramassés sur le sol et à l'image des troubles temporels décrits par le récit. Ainsi le lecteur passe son temps à se poser des questions et à tenter de reconstituer les détails de l'intrigue, ce qui fait un jeu amusant (mais un peu vain). L'effet de trouble et de répétition crée aussi une illusion étrange, comme si à chaque chapitre on voyait un éternel capitaine Villon entrer au bord sur son navire noir, au son des chansons déversées par les hauts-parleurs installés sur le pont de son navire, faisant de lui une sorte de protagoniste éternel et fatigué des misères du monde.
Cette présentation en désordre, si elle propose les effets les plus intéressants du roman, est aussi sa principale faiblesse. Au vu de la logique du récit, rien ne la justifie, sinon le plaisir de l'auteur de jouer avec le lecteur (à la façon de l'usage des armes, de Iain Banks). Que cette limitation ne vous empêche en rien de vous plonger dans l'époque romantique et tourmentée du capitaine Villon. On s'y bat, on y meurt, on y voit des merveilles, on y boit du tafia ! (pas toujours dans cet ordre, évidemment)

1 commentaire:

  1. On sent dans ce commentaire poli qu'il a fallu un petit peu se forcer pour les compliments...

    Un texte qui ne m'a laissé aucun souvenir. Je l'ai pourtant lu, et je m'en souviens à peine. Très vite, on a envie d'arrêter le jeu que propose l'auteur et de se mettre à lire les chapitres dans l'ordre chronologique, un peu comme, lisant un livre dont vous êtes le héros, on cesserait de faire les jets de dés pour simplement aller à l'étape suivante et lire la suite de l'histoire. Et pourtant je suis amateur des contraintes formelles, mais quand elles apportent quelque chose et sont davantage qu'une gêne à la lecture tenant du caprice.

    Aussi je n'ai pas du tout été sensible à la langue...

    Je vous dis: ça ne m'a laissé aucun souvenir.

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